Narbonne: les appartements des Archevêques; la grande galerie
Nous passons maintenant dans la pièce appelée "la grande galerie". Pièce impressionnante avec son immense collection de faïences apothicaires.
Une nouvelle fois nos yeux se portent sur le plafond à la française réalisé par Alexandre Denuelle à partir de 1851.
Dans cette galerie, la commission archéologique choisit de représenter sur une frise autour de la salle, les armoiries des 24 villes du diocèse. En voici quelques unes:
Avant de vous parler et de vous montrer les faïences, un cours d'histoire sur les hôpitaux de Narbonne.
"Il existe à Narbonne dès le début du 12è, deux maisons des lépreux et deux hôpitaux des pauvres: St Just dans la cité et St Paul dans le bourg. Ces deux établissements sont placés sous la juridiction des consuls qui en confient l'administration à un commandeur, lui même assisté de religieux.
Jusqu'au milieu du 14è, Narbonne comptera jusqu'à 12 établissements dont la tâche consiste surtout à soulager. Il faut attendre le milieu du 15è pour voir apparaître un véritable médecin en milieu hospitalier. Aux côtés des malades sont aussi accueillis les pauvres et les pélerins. Ces établissements vont tous disparaître à la fin du Moyen Age; St Just disparaîtra dans le courant du 16è. Seul restera St Paul.
La ville connaîtra un véritable réveil hospitalier sous l'impulsion des Archevêques Claude de Rebé et François Fouquet.
L'hôpital de la charité est créé en 1635 puis érigé en hôpital général en 1678.
L'Archevêque établit en 1646 une confrérie de 50 dames de charité. Leur oeuvre de miséricorde assure une assistance aux miséreux durant les 17è et 18è.
En 1659, les soeurs St Vincent de Paul assurent les soins et gèrent les apothicairies de la Charité, St Paul et la Miséricorde."
Les collections de faïences apoticaires que nous pouvons admirer de nos jours, proviennent essentiellement des hôpitaux St Paul et de la Miséricorde.
"La première mention que l'on retrouve concernant des vases de pharmacies, datent du 20 février 1675 à l'hôpital St Paul. Quelques uns des pots conservés aujourd'hui pourraient dater de cette époque.
Le registre des recettes et dépenses de St Paul mentionne l'achat de pots et cruches de faïences à destination de l'apothicairie pour la somme de 24 livres, le 1er septembre 1697. On suppose donc que la plupart des pots de l'actuelle collection pourraient provenir de cette commande.
Faute d'archives on ignore tout des vases de la Miséricorde."
"Les pots à pharmacie remplissent plusieurs fonctions: améliorer la conservation des remèdes; lutter contre leur altération; en assurer le transport et le stockage.
Depuis l'antiquité, on utilise divers matériaux comme: la corne, le bois, l'étain, l'argent...
Au 16è, l'utilisation de la faïence marque l'avènement de la céramique pharmaceutique: la terre cuite recouverte d'émail assure une parfaite étanchéité et l'application des couleurs rend possible l'inscription indélébile des préparations. Les pots sont alors alignés dans les apothicairies et deviennent l'emblème et le signe d'identification de la profession."
"Aux 17 è et 18è, époques où s'organisent les hôpitaux, la production de faïence pharmaceutique constitue un débouché important pour les meilleures fabriques comme celles de: Montpellier, Moustiers, Nevers ou Rouen.
Mais dès la seconde moitié du 18è, l'usage croissant de la porcelaine et du verre annonce le déclin de la faïence comme matériaux médical."
Quelques explications sur l'usage des pots
"L'apothicaire a en charge la préparation des remèdes: il choisit et pèse les ingrédients, les réduit en poudre à l'aide d'un mortier, les mélange, les chauffe si besoin, afin de confectionner les sirops, pilules et emplâtres.
Aux 17è et 18è de grandes pharmacopées comme Nicolas Lémery, Moyse Charas, répertorient les préparations et précisent leurs effets. Les drogues sont d'origines naturelles : minérales, végétales, animales."
Aujourd'hui tout cela a été abandonné pour faire place aux médicaments de synthèse fabriqués par les laboratoire pharmaceutiques." ( qui s'en mettent pleins les poches, au détriment parfois de notre santé. NDLR)
Ainsi se termine notre épopée dans l'histoire hospitalière de Narbonne et la pharmacopée de cette époque. J'ai trouvé cette salle très intéressante et la collection de faïences d'une grande beauté.
J'espère que ce post n'aura pas été trop rébarbatif pour vous.