Narbonne: les appartements des Archevêques; la chambre du Roi.
Nous voilà donc arrivés tout en haut de l'escalier monumental, devant ce qui était autrefois les appartements des Archevêques.
La 1ère pièce est quasie vide et sert d'accueil: c'était la salle des audiences. Ce qui attire immédiatement le regard comme dans toutes les autres pièces d'ailleurs, c'est son plafond à la française composé de solives sur poutres. Il daterait de 1634.
Quelques meubles aussi attirent le regard comme ces deux cabinets
Cabinet de type Bargueno, de la fin du XVIIè; bois, métal, os, textile
cabinet en ébène, de la 1ère moitiée du XVIIè; ébène, bois précieux, corne, bois massif
Les armoiries et blason de l'Archevêque Claude de Rebé (1628 - 16599)
Nous passons dans la chambre du Roi, non sans jeter un coup d'oeil à une petite porte qui a une grande histoire!
La porte de cinq mars
La chambre du Roi doit son nom en souvenir des séjours de Louis XIII et Louis XIV. On la doit à l'archevêque Claude de Rebé.
Là encore il ne reste aucun meuble, mais sa particularité tient dans la magnificence de son plafond à caisson de 1632.
Le 3 août 1628, Claude de Rebé confie au menuisier sculpteur Georges Subreville, la création de corniches, lambris et frises.
Mais en fin d'année la peste se déclare, ralentissant les activités commerciales et artistiques jusqu'en août 1632.
C'est à cette date que l'Archevêque s'adresse aux frères Rodière, peintres doreurs narbonnais pour achever la décoration de la pièce.
Le contrat de commande relatif au plafond, passé devant notaire le 9 novembre entre l'Archevêque et les artistes, décrit avec précision les techniques et matériaux à employer; le nombre de compartiments ainsi que l'iconographie. Le blason de l'Archevêque, peint à 3 reprises sur le plafond, rappelle l'identité du commanditaire.
Le plafond à compartiment est la réinterprétation baroque du plafond à caissons à l'italienne de la renaissance.
En complément du plafond, l'Archevêque fait réaliser une cheminée, des panneaux pour les murs et une frise de paysages et de fruits, éléments aujourd'hui disparus.
Seul subsistent dans les embrasures des fenêtres de décors peints de treilles de fruits et de figures mythologiques.
Intéressons nous maintenant au plafond et à son iconographie.
Le contrat de commande prévoit ici " les neufs Muses sur toiles bien peintes et bien achevées", ainsi que "40 figures d'anges et Cupidons... Le tout de bonne peinture et bien achevé sur bois".
L'Archevêque choisit ainsi un sujet tiré non pas de l'histoire sainte, mais de la mythologie très à la mode depuis la renaissance
L'origine des muses remonte à l'Antiquité. Homère évoque dans ses chants les 9 filles de Zeus et Mnémosys, la déesse de la mémoire. Platon fait d'elles les médiatrices entre le Dieu et le poète.
Ce mythe antique est réintroduit dans les arts à la Renaissance. Le plafond propose ici une réinterprétation classique de ce thème antique. Les robes soyeuses et chatoyantes comme certains instruments sont caractéristiques du XVIIè français.
A cette époque, les muses invoquées pour inspirer les artistes dans leurs louanges aux puissants font partie intégrante du rituel de la cour.
Petit focus sur 8 des neufs muses (en préparant l'article, je me suis aperçue qu'il en manquait une, désolée)
Nous laissons donc la chambre du Roi et son magnifique plafond pour arriver dans une autre grande salle qui m'a énormément intéressé, surtout l'histoire des hôpitaux et apotycairie de Narbonne: la grande galerie.