Narbo Martius: le commerce fluvial au temps des romains - partie 1
Pas de chance! La semaine où j'ai enfants et petits enfants, il faut qu'il pleuve et vente!!
Pas de problème, on ira au musée Narbo Via; en plus il y a une expo temporaire sur la fabrication d'une BD de Michel Piquemal.
Un musée que j'adore; cela fait déjà 5 fois que j'y vais et je ne m'en lasse pas.
Cette fois ci en ancienne navigatrice que je suis, je me suis intéressée à la partie portuaire de Narbo Maritus.
Mais d'abord un peu d'histoire.
En 125 avant JC, la cité grecque de Marseille, menaçée par le peuple gaulois des Salyens, appelle à l'aide son allié romain. Le sénat envoie ses armées dirigées par les généraux Cnaeus Domitius Ahenobarbus et Qunitus Fabius Maximus.. En quelques années, ils vont soumettre les principaux peuples de sud de la Gaule jusqu'aux Pyrénées. Rome contrôle alors le vaste qui relie l'Italie à l'Espagne, déjà en partie romaine.Cette domination se matérialise notamment par la création d'une voie de circulation: la Via Domitia.
Pour consolider cette position, le sénat ordonne en 118 avant JC, la fondation de la première colonie romaine hors d'Italie: la Colonia Narbo Martius, sur un territoire stratégique de la basse vallée de l'Aude en proximité immédiate du rivage méditéranéen. Deux mille citoyens italiens sont ainsi installés près de l'oppidum gaulois de Naro (Montlaurès). La création de cette colonie répond à plusieurs besoins: sécuriser un territoire stratégique face aux peuples gaulois, contrôler les routes commerciales ainsi que les ressources naturelles de l'arrière pays (minerais de la montagne noire et des Corbières) et distribuer des terres aux citoyens romains d'Italie.
Le système portuaire de Narbo Martius
Les recherces récentes ont permis de restituer un ensemble portuaire immense reposant sur des avant-ports dans la lagune et un port fluvial aux portes de la ville, reliés par un bras de l'Aude. Ce système complexe qui met à profit la topographie naturelle, permet d'acceuillir de grandes quantité de marchandises, de les stocker et d'assure leur redistribution locale ou lointaine apr voie terrestre ou maritime.
Dans la lagune, les navires rencontrent tout d'abord l'établissement de l'Ile St Martin à Gruissan. Des pilotes peuvent alors guider les bateaux dans le système fluvio-lagunaire. Les marins déchargent ensuite leurs marchandises dans les entrepôts situés au nord de l'étang, sur le site de Port-La-Nautique.
Cette zone est abandonnée dans le dernier tiers du 1er siècle, au profit de Mandirac, à l'embouchure de l'Aude antique. Là les ingénieurs construisent deux digues de deux kilomètres pour canaliser le fleuve. La digue ouest permet le transbordement des marchandises puis leur acheminement par voie terrestre ou dans des bateaux à fond plat jusqu'au abords de la ville.
Dans sa liste des villes célèbres, Ausone poète et important homme d'état du IVè siècle, décrit Narbo Martius comme un des ports les plus importants du monde romain où arrivent des marchandises du monde entier. Principale entrée maritime de la Gaule au 1er siècle avant JC, elle prospère durant toute la période romaine aux côtés d'Arles, Marseille et Lyon, grâce à une activité marchande florissante qui repose sur un commerce de redistribution. Sa situation géopgraphique est avantageuse: située au carrefour de plusieurs routes maritimes (Italie, Espagne, Afrique), terrestres (la voie Domitienne et voie d'Aquitaine) et positionnée au point le plus court entre la mer et l'océan via l'axe fluvial Aude-Garonne. C'est l'une des pricipales plaques tournantes des marchandises en méditerranée occidentale durant toute l'Antiqué.
Ancre marine inscrite LPP. Bois et plomb. 1er siècle ap. JC.
Cette ancre a été découverte à une cinquantaine de mètres du quai antique de La Nautique. Elle mesure 3,65m et pèse 366kg. Elle est constituéé d'une structure en bois de chêne composée d'une barre centrale (verge) assemblée à deux bras et d'une pointe; le tout renforcé par une pièce de plomb. Les lettres gravées sur la partie supérieure de l'ancre peuvent correspondre aux initiales du propriétaire du navire. L'ancre a été réutilisée au 1er siècle après JC pour servir de corps-mort, destiné à amarrer la poupe des navires accostés de trois quarts.
Jas d'ancre marine. Plomb. Haut Empire.
La vie à bord des navires.
Les fouilles d'épaves livrent de précieux témoignages de la vie à bord: effets personnels de l'équipage et des passagers, mais aussi objets liés à la navigation. Ainsi des réchauds en métal appelés foculus et des vases avec des inscriptions de noms de personnes évoquent les repas des marins. Des armes, des outils de réparation, mais aussi des plombs de sondes ont également été découverts. En effet, il était nécessaire lors de la traversée de pouvoir se défendre, réparer et de connaître la nature du fond et la hauteur d'eau.
Bonnet de marin
Cet objet, rare du fait de la mauvaiseconservation des matériaux organiques, est en forme de calotte hémisphérique, confectionné en feutre de laine. La technique du feutre consiste à filer, étirer puis frotter les mèches de laine dans de l'eau chaude afin de former des assemblages de fils liés: les écheveaux.
Maillet. Bois. Fin 1er s av JC - Début du 1ers ap JC.
Fragment d'une tablette à écrire . Bois. Fin du 1ers av JC - Début du 1ers ap JC.
Eléments d'une balance (fléau, plateau et poids); Bronze et plomb. VIIè ap JC.
Casque. Bronze et plomb. IIè - Ier s av JC.
Ce type de casque qui a appartenu à un membre de l'équipage de l'épave du grand bassin B, semble avoir été en faveur au II-Is av JC. Constitué d'une seule pièce en bronze coulé, il est de forme simple: une calotte hémisphérique surmontée d'un bouton. Le casque porte une perforation centrale qui permet de fixer une calotte intérieure en cuir ou un anneau destiné à le suspendre. Les trous latéraux servaient à fixer les paaragnathides, deux pièces pour protéger les joues.
Cruche à 2 anses. Céramique Haut Empire
Pierre de touche
Fond d'assiette sigillée tatalique portant un graffiti en forme d'ancre. Céramique. 1ers ap JC
Plomb de sonde. Haut Empire
Les fouilles subaquatiques des étangs du narbonnais ont livré depuis une cinquantaine d'années de nombreux objets en bois. Ces pièces sont pour la plupart des éléments d'accastillages: l'équipement placé sur le pont des navires nécessaire à leur bon fonctionnement. Ces pièces sont soit liées au système de propulsion à vent; des équipements utiles aux manoeuvres, comme le gouvernail et la poulie (apparaux) ou des éléments de pompe de cale qui permettent l'évacuation de l'eau vers l'extérieur du bateau.
Eléments d'accastillage de navire: cabillots, quinçonneaux, fragment de poulie. Bois.Haut Empire. Fouille sous marine 1990.
Cap de mouton. Bois. Haut Empire. Fouilles de 1991
Palan à 6 réats. Bois. Haut Empire. Fouilles de 1974 à 1984.
Clous de coque de navire
Applique de navire représentrant un animal marin. Bronze. IVè - Vè s ap JC.
Voilà pour cette première partie sur la vie à bord. Je vous retrouve prochainement pour la suite du voyage au temps des romains.