Le crassier
A Alès tout le monde le connaît : un terril qui date de l’époque minière, fermé depuis 40 ans, qui exhale de temps en temps quelques fumerolles car toujours en combustion interne .
Les arbres sur ses pentes sont brûlés. Le feu continue de couver sous terre, s’étend par le réseau de racines et menace plusieurs habitations, jusqu’à l’hôpital.
Tout a commencé par un simple feu de forêt:
L’embrasement du crassier de Rochebelle (extrait de l’article de Pierre DAUM, libération du 6/11/2004)
Le 26 juillet 2004 l'apparition d'un phénomène particulièrement spectaculaire : l'entrée en combustion de deux terrils l'un immense, l'autre plus allongé.
Tout a commencé par un simple feu de forêt, enflammant plusieurs sapins qui avaient poussé sur les terrils. Le feu a vite été maîtrisé. Trois semaines plus tard, le directeur du centre équestre de Rochebelle (situé au pied du crassier allongé) appelle pour signaler que les pins du terril en face du centre tombent comme des mouches.»
Que se passait-il ? Comme tous les crassiers un peu vieux, le terril de Rochebelle est encore riche en charbon. «Lors de sa formation, fin XIXe début XXe, on triait le minerai à la main. Avec une texture granuleuse qui laisse passer de l'air, vous obtenez une véritable chaudière. Les racines enflammées des sapins ont joué le rôle de l'allumette, et c'était parti pour une jolie combustion !»
Cinq foyers se sont ainsi allumés, se propageant en direction du coeur de la colline, là où la densité en carbone est la plus forte. En quelques jours, des chaleurs allant jusqu'à 900 degrés ont été atteintes, les températures les plus chaudes se trouvant à dix, vingt ou trente mètres en profondeur.
Au bout de trois semaines, lorsque l'alerte fut enfin donnée, un vent de panique souffla sur la ville. Quels dangers pour la population représentent les émanations de gaz (principalement du monoxyde de carbone, rapidement mortel pour l'homme) issues de ces deux fourneaux géants ? Le 17 août, les autorités font finalement appel à Yves Paquette, spécialiste de la combustion des anciens terrils. Son verdict est sans appel : oui, le terril de Rochebelle, très proche des habitations, constitue un double danger pour les Alésiens.
À la moindre pluie d’orage, l'eau entrant massivement en contact avec du carbone brûlant peut provoquer une réaction de gazéification convertissant un mélange de monoxyde de carbone CO et de vapeur d'eau H2O en un mélange de dioxyde de carbone CO2 et d'hydrogène H2 qui peut entraîner des explosions avec projections de matériaux (on parle de “gaz à l’eau” ; les explosions de ces poches de gaz étaient qualifiées de “pets de terrils” par les mineurs). Et dès que viendront les premiers froids, une “inversion thermique” peut se produire, qui force le monoxyde de carbone à stagner au-dessus de la ville.
« Le préfet accepte alors la proposition de Paquette de “défourner” Rochebelle » ajoute Pierre Daum. « Jusqu'à fin décembre, cinq énormes Caterpillar vont découper par tranches horizontales le terril, en commençant par le haut, jusqu'à atteindre les foyers de combustion. Un travail de déplacement de montagnes impressionnant pour les habitants, qui doit être conduit avec une grande maîtrise pour assurer la sécurité des opérateurs et limiter les inévitables panaches de poussières chaudes dans l'air. Les autorités sanitaires ont alors ordonné le transfert d'une clinique avoisinante, ce qui a rajouté aux inquiétudes de la population… »Yves Paquette explique que le chantier a été remodelé de manière à assurer la stabilité des pentes, la gestion des eaux de surface, la protection des sols de l’érosion ainsi que l’insertion paysagère. Une surveillance en continu de la qualité de l’air a été mise en place sur le site durant les travaux.
Quelques vues du crassier; interdit de l'approcher, mais nous pouvons en faire presque le tour.
Le crassier c'est aussi le point de départ de nombreuses randonnées dans la forêt du Rouvergue (il faudra que j'y aille à mon prochain séjour)
Quelques cartes anciennes des mines de Rochebelle
et le crassier dans la brume
Et demain on redescend sur les bords du Gardon