20 ans d'acquisitions
Toujours au musée , je me dirige maintenant vers une 2ème salle voir l'exposition: 20 ans d'acquisition. Plus de 500 oeuvres exposées de tous les horizons.
J'avoue avoir été plus intéressé par les oeuvres exposées que par les panneaux expliquant comment se font les acquisitions, la démarche de musée, les recherches des pièces etc... que j'ai lu en diagonale.
"Depuis 1998, date de création de l’Établissement public du musée du quai Branly, plus de 78 000 pièces historiques et contemporaines (objets et œuvres graphiques et photographiques) ont intégré les collections publiques. Parmi celles-ci, des œuvres majeures, des pièces complétant un ensemble ou historiquement significatives. Des acquisitions savamment choisies, complétant un héritage de près de quatre siècles, fusion des collections du musée de l’Homme et du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie (MNAAO), comme autant de promesses de regards neufs et de savoirs renouvelés pour les collections extra-européennes."
Il n'y a pas vraiment de fil conducteur, aussi je vous montre quelques uns des objets qui m'ont le plus marqué, avec une émotion particulière à la fin, dans la partie consacrée aux oeuvres phares que Mr Jacques Chirac affectionnait.
Trône royal, culture Bamiléké, chefferie de Basété, Cameroun. Début du 20è
Sculpture représentant un calao (kenyalang)- Culture Iban - île de Bornéo, Kalimantan, Indonésie - Fin du 19è, début du 20è
Kenyalang est l'emblème de la divinité suprême des Iban, dieu de la guerre. Son long bec est considéré comme la partie la plus importante de son corps, car c'est grâce à lui qu'il aveuglera ses ennemis.
Masque- eharo - Culture Elema - Golfe de Papouasie - début du 20è
Cape cérémonielle - Culture Chilkat - Alaska - Etats-Unis et Colombie Britanique - Avant 1890
Ces capes masculines très prestigieuses étaient tissées par les femmes à partir de patrons établis par les hommes. Elles étaient portées par les chefs locaux et cédées lors du rituel du potlach pour signifier leur opulence.
Jupe - Culture Irawq - Tanzanie - Début du 20è
Plus que de simples vêtements, ces jupes par la préciosité et la complexité de leur réalisation, étaient liées au statut des femmes qui les portaient.
Cape - Kaross - Culture Sotho - Lesptho - 19è
Cape manteau de grande envergure destinée à être portée par une femme mariée. Ornée de perles vénitiennes rouges à points blancs et de grosses perles turquoises, toutes cousues avec du tendon animal.
Spatules vomitives - Culture Taïno - Grotte de Puerto Plata sud de la République Dominicaine - vers 1899
Ces spatules étaient utilisées par les chamanes et caciques amérindiens des Grandes Antilles pour se faire vomir, afin de se purifier lors du rituel dit de la "cohoba" au cours duquel ils inhalaient une substance hallucinogène, la "cohoba" pour entrer en contact avec les esprits ou "zemis".
Coiffe - olok - Culture Wayana - Amapa Brésil - 1960 - 1972
Dans cette coiffe se concentre la fierté d'être Wayana. Elle est l'élément central d'un grand rituel, "l'eputop" qui donne force et courage à l'individu, consacre son appartenance au groupe et consolide la communauté. La coiffe est portée par les postulants durant la nuit de danses qui précèdent l'application sur le corps, d'une natte dans laquelle sont insérés des fourmies urticantes ou des guêpes.
Manteau masculin de fêtes - Population Nganassan - Sibérie, fédération de Russie - 19è et 20è
Ces manteaux traditionnels se caractérisent par la grande finesse du travail de la peau de renne et de la fourrure, et par leur décor de frises géométriques brodées et appliquées. Les pendants rouges sont destinés à protéger aussi bien de la rudesse du climat que des esprits funestes. Bien qu'ils ne les portent plus aujourd'hui, il est important pour les Nganassan de pouvoir être inhumés avec ce type de manteau.
Costume de femme - Population Hmong - Laos - Seconde moitié du 20è
Epoque coloniale; Une "sale" époque de mon point de vue, mais il me semblait important de la montrer. Il n'y a aucune conotation raciste dans ce que je montre, je me contente de rapporter les explications sur les panneaux.
Masque cagoule "Blackface" - Royaume Uni - Années 1920
Le blackface s'affirme au 19è siècle aux Etats-Unis comme un spectacle raciste où des acteurs blancs se griment en Noirs et agissent de manière caricaturale. Il est introduit en Europe dans l'entre deux guerres à tavers les "bals nègres" dont témoigne ce masque de déguisement produit par une entreprise britannique spécialisée dans les costumes de théâtre.
Napperons - 1879
Ces napperons comportent des caricatures relatives à la guerre anglo-zoulous de 1879
Jeu de passe-boules - Vers 1900
Le passe-boule est l'un des plus ancien jeux de fêtes foraines en Europe. Les panneaux peints de ce jeu d'adresse représentaient des personnages vus sous un angle grotesque. Ici la figure participe au dénigrement des personnes noires à la période coloniale.
Changeons de registre, un costume qui m'a époustoufflée!!! Dommage, mes photos ne rendent pas aussi bien que la réalité.
Rukiya Brown - Bison blanc - Costume de reine des Mardis Gras Indians" - Nouvelle Orléans - Louisiane - Etats-Unis - 2017
Les mascarades des "Mardis Gras Indians" sont une expression emblématique de la culture traditionnelle des Afros Américains de la Nouvelle Orléans. Reine du Carnaval mais aussi l'une des artistes les plus remarquables, "Big Queen Rukiba" créé des costumes spectaculaires avec d'étonnants éléments décoratifs en trois dimensions constitués de milliers de petites perles.
Masques Boliviens
Née d'un syncrétisme des cosmovisions judéo-chrétienne et amérindienne, la danse de la Diablada de la ville minière de Ouro en Bolivie, illustre l'importance rituelle et culturelle des danses dans le monde andin.
Masque de diable - Bolivie - 1961 (à gauche)
Masque de Naupo Diablo - Bolivie - 1995 (en haut à droite)
Masque de Diable - Bolivie - 1979 (en bas à droite)
Masque de diable - Bolivie 1984 (à gauche)
Phongsak Thongphut - Masque de génie du sol - phi ta khon - Dan Sai, province de Loei - Thaïlande - 2013 (à droite)
Masques Atujuwa mâle (gauche) et femelle (droite) - Population Wauja - Région du Haut-Xingu - Mato Grosso Brésil - 2005
Ces masque ont initialement un statut de personnes. Ils doivent être nourris et on doit les faire chanter et danser avant de les vendre
Statue de Mamy Wata - Cové, Bénin - 1985 - 1990
La déesse des eaux Mamy Wata est une divinité célébrée chez certaines populations du littoral atlantique en Afrique subsaharienne et en Amérique. Cette statue, liée aux cultes vodun, appartenait à l'autel personnel d'Yves Agossou, prêtre sculpteur de Cové au Bénin. Elle porte des traces de libations d'alcool, d'Eau de Cogne, de limonade et de talc sur la tête et la face du corps.
Nous entrons maintenant dans l'espace des oeuvres phares du musée. En voici un tout petit aperçu.
Statue féminine - Culture Nuna - Région de Léo - Burkina Faso - 18è
Les Nuna descendants de populations qui vivaient autrefois dans le sud du Burkina Faso, ont réalisé de rares sculptures anthropomorphes de grande taille. Elles étaient détenues par les vuru, devins chargés de contrôler les esprits de la brousse. Les scarifications sont le résultat d'incisions pratiquées sur la peau pour des raisons esthétiques, sociales et identitaires.
Statue - Culture Geomai - Nigéria - Première moitié du 20è.
Le masque gugwon qui protège le visage de la statue représente le crocodile, un esprit majeur des rives de la Bénoué auquel est rendu un culte.
Instrument généalogique - To'o mata - Îles marquises - 19è avant 1880
Les to'o mata comptaient parmi les objets les plus sacrés de la société marquisienne. Evocations de l'histoire d'une communauté depuis la création de son territoire par les dieux, ils servaient d'aide mémoire à la récitation des généalogies, des mythologies et pour les chants. La forme oblongue en partie haute serait liée aux divinités.
Figure de dieu ou d'ancêtre - tiki akau ou katina - Îles Marquises - 19è.
On dit des tikis marquisiens qu'ils représentent des ancêtres divinisés (e'tua). La tête, considérée comme le siège de la connaissance et du pouvoir (mana), est la partie la plus sacrée (tapu) du corps. Ses proportions sont exagérées pour indiquer un être hots du commun. Les grands yeux, le nez aplanti et la bouche au large sourire sont typiques de l'art marquisien. L'encoche supérieure suggère qu'il s'agit d'un poteau de soutien, sans doute intégré à un édifice sacré dans une enceinte cérémonielle (me'ae).
Figure à crochets dite Yipwon - culture Yimar - Sepik st - Papouasie Nouvelle Guinée - 20è
Les plusanciennes figures à crochet pourraient remonter au 14è et ont été retrouvées près des sources de Korowori. Elles étaient placées dans la maison des hommes et servaient à assurer le succès de la chasse.
Mesure de corps - ukur mas - ïl de Bali - Indonésie - 19è.
Cette figure du squelette de la personne défunte a pour fonction de lui assurer la reconstitution de son corps dans sa future incarnation. Généralement composés de pièces de monnaies chinoises reliées entre elles par des fils de coton ou comme ici par des plauqes d'or reliées par des fils d'or pour les familles nobles, les ukur mas étaient brûlés en même temps que le corps.
Sculpture cérémonielle - uli - Culture Madak - Nouvelle Irlande - Papouasie Nouvelle Guinée - 18è début du 19è
Les figures hermaphrodites uli du centre de la Nouvelle Irlande, représentent la complémentarité des principes indispensables aux chefs: force et puissance viriles d'une part, féminité nourricière d'autre part. Elles pouvaient intervenir dans plusieurs cérémonies consécutives, y compris des funérailles secondaires de chef considérées comme des rites de fertilité.
Sculpture dite Enfant au berceau - Culture Kanak - Nouvelle Calédonie - début du 19è
Cette sculpture très rare, est liée aux rites de fécondité ou aux rituels funéraires.
Statue féminine - Culture Attié - Côte d'Ivoire - 19è
Cette figurine féminine provient du sud de la côte d'Ivoire où l'or du sous sol est réputé détenir une force divine. Elle pourrait eprésenter une reine et tenait probablement une ombrelle, objet importé de pays lointains et réservé à la royauté.
Appuie tête attribué au "Maître des coiffures en cascade" - Culture Luba - République démocratique du Congo - 19è
Très répandu en Afrique depuis l'Antiquité, l'appuie tête sert à maintenir des coiffures très élaborées durant le temps du repos. Lorsqu'il appartient à un personnage important, il est signe de prestige.
Statuette féminine - Culture Chupicuaro - Mexique - 600 avant JC, -200 après JC
Provenant probablement d'une sépulture, cette statuette féminine est ornée de peintures corporelles. Sur le torse, les losanges marquent les quatre points qui relient toute surface aux strates célestes et souterraines de l'univerts. Sur le visage, les quinconces soulignent les yeux et la bouche, ouvertures du corps vers l'extérieur. La féminité et la fécondité sont soulignées par les motifs peints sur le bassin et la haut des jambes.
La statuette Chupicuaro du Quai Branly est l'une des premières oeuvres acquises par le musée en 1998 et en est devenue l'emblème.
Ainsi se termine mon petit tour d'horizon de cette rétrospective. Naturellement je n'ai pas photographié toutes les oeuvres exposées, et j'ai choisi quelques oeuvres qui pour moi me semblait le plus représentatives de toutes ces civilisations méconnues et lointaines, de leurs croyances et de leur superstitions. Une plongée dans l'histoire ancestrale dont je suis curieuse.
Une très belle exposition qui m'a une nouvelle fois appris beaucoup de choses.