Peyriac de Mer: l'étang du Doul
En plein coeur du Parc de la Narbonnaise, Peyriac-de-Mer, un ancien village de pêcheurs, cultive aussi la vigne après avoir construit sa richesse sur les vertus étonnantes de son étang.
À deux pas du centre, l’étang du Doul est un lieu de promenade, de baignade et une curiosité naturelle. Des pontons permettent d’effectuer facilement le tour de ses anciens salins.
Un peu d'histoire:
L'étang du Doul est caractérisé par sa forme de cratère, d'origine tectonique et par son hyperhalinité, ses eaux étant environ 2 fois plus salées que la Méditerranée. Cet étang est également le plus profond du complexe lagunaire narbonais, avec près de 4m de profondeur au milieu du plan d'eau.
Le Doul communique avec l'étang par un chenal sinueux. Ses eaux ne peuvent être renouvelées que dans certaines conditions météorologiques favorables.
La forte salinité est due à la dimension très réduite du bassin versant du Doul, à l'absence de cours d'eau pour l'alimenter et à la présence de gypse au fond de l'étang.
Dans ce milieu lagunaire très particulier, la faune aquatique se caractérise par son extrême pauvreté. En revnche il s'y développe une flore lagunaire originale. Le plancton végétal y est abondant, donnant à l'eau ces colorations verdâtres intenses. Quand le renouvellement des eaux est suffisant, les quantités de plancton diminuent et laissent la lumière pénétrer dans les parties les plus profondes, favorisant le développement d'herbiers lagunaires adaptés à une forte salinité.
Les fouilles archéologiques témoignent de la présence humaine sur le site à partir du VIè avant JC. D'après les outils trouvés, les premiers habitants de Peyriac de Mer pratiquaient l'agriculture et la pêche.
En raison des nombreuses amphores découvertes témoigant des relations commerciales existantes avec Marseille et Ampurias (port gréco romain en Catalogne espagnol), on peut imaginer que les relations commerciales reposaient déjà sur l'exploitation des ressources locales y compris le sel.
Dès l'antiquité, le site de Peyriac de Mer s'est révélé propice à l'exploitation du sel comme le prouve une inscription funéraire romaine. SSi les premiers relevés topographiques du site datent de 1519, les chiffrent de récoltes sont connus depuis le début du XVè siècle.
Initialement implantée à proximité de l'Estarac,sur la commune de Bages, l'activité de production de sel a ensuite été déplacée près du village. Ce site a subi des transformations importantes au fil du temps. La saline que nous pouvons observer de nos jours est un mélange entre les aménagements de l'époque moderne des XVIè et XVIIIè (maison douanières, digues, canaux...) et les derniers aménagements effectués durant le XXè siècle avec la motorisation et l'électrification des ouvrages de gestion de la circulation des eaux.
Nous voilà donc partis pour la ballade. Deux circuits qui se rejoingnent, un petit faisant juste le tour du Doul, un grand grimpant au sommet du Mour pour redescendre vers la plage. C'est évidement ce tour de 8 km que nous ferons.
La digue
avec d'un côté l'étang du Doul
et de l'autre celui de Bages Sigean
Puis nous montons à l'assaut du Mour, par un sentier très très étroit, très caillouteux et pleins d'ornières. C'est la seule difficulté du parcours.
La colline du Mour est un rocher calcaire haut de 74 mètres. Une fois arrivés au sommet on a une vue quasi circulaire sur ce qu'on appelle" le grand paysage", héritage du quaternaire.
A la suite de l'effondrement qui a donné lieu à la formation du Golfe du Lion, la mer méditerranée a continué à voir son niveau fluctuer entre -15 000 ans et -4 000 ans, avant de marquer une certaine stabilité.
Durant la période romaine, Narbonne avait les pieds dans l'eau et l'Aude se jetait alors dans l'actuel étang de Bages Sigean.
Plusieurs îles parsemaient ce golfe. Le massif de la Clape était encore pratiquement une île au XIIIè siècle et la mer bordait l'étang de Capestang au nord.
Au XIVè des canaux sont creusés et l'Aude est alors divisée en deux bras, l'un se dirige ver Narbonne tandis que l'autre rejoint le Golfe de Vendres avant de se jeter dans la méditerranée. C'est au XVè que le golfe se fractionne en étangs; c'est aussi à cette période que se crée la plaine narbonnaise que l'on connaît aujourd'hui.
côté de l'étang de Bages Sigean, avec les îles Panasse et en arrière plan les installations gazifières de Port la Nouvelle
la chaîne de Fontfroide
Port la Nouvelle
côté de l'étang du Doul avec le vignoble du château de l'île
la garrigue
les anciens salins qui ont fonctionnés jusqu'en 1967
La ville de Peyriac de Mer
La plage du Doul
La mousse blanche que l'on peut voir sur certains étang comme ici sur celui du Doul est en fait de l'écume qui se forme sous l'effet du vent par le brassage des eaux sursalées; Le sel se mélange avec les acides gras contenus dans le plancton de l'étang. Cela forme cette écume caractéristique des milieux sursalés. Ce phénomène chimique est assez proche de celui qui permet de fabriquer du savon.
Les eaux du Doul auraient selon les coutumes locales, des vertus thérapeutiques et soulageraient les problèmes de dermatose, mais aucune étude scientifique ou médicale n'a confirmé ces informations.
La géologie du Doul
Son histoire commence il y a 250 à 200 millions d'années au trias "le grand âge du sel". Durant cette période d'importants dépôts de gypse et de sel gemme se dépose dans les milieux lagunaires. Puis il y a environ 25 millions d'années, un mouvement tectonique appelé "diapirisme" provoqué par la remontée du sel et du gypse a provoqué des effondrements circulaires donnant naissance à divers étangs circulaires comme le Doul.
Au quaternaire, l'érosion éolienne a accentué le phénomène, donnant des roches très découpée en bordure d'eau et polies par le vent sur les hauteurs.
La roche façonnée par les éléments
et nous arrivons à la fin de notre ballade. Nous empruntons le sentier des planches qui permet de rejoindre le parking, traversant ainsi le Doul sans le dégrader. Aujourd'hui le site est géré par la commune de Peyriac de Mer et le parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée. Le but étant de maintenir un taux élevé de salinité dans le Doul, y accueillir les oiseaux, préserver les milieux naturels.
le passadou: digue limitant les différents bassins
Les quais qui servaient de lieu de stockage de la récolte de sel, fait de blocs de pierres structurant une ceinture face à la mer et retenant les sols. Leur forme permettait aux charettes et aux barques appelées "aleges" de venir chercher les camelles de sel qui y étaient entreposées et qui seront ensuite acheminé vers Narbonne. Ceux ci font plus de 200 mètres de long.
Lor de la récolte, le sel était stocké en gerbes une dizaine de jour pour laisser l'eau s'écouler, puis rassemblé en camelle, petite pyramide de sel de 4 à 6 mètres de haut, sur les quais où il était nettoyé. Les camelles étaient couvertes au fur et à mesure de leur création par des tuiles.
La guérite du douanier chargé de contrôler la récolte du sel
un dernier petit coup de planches et nous voilà au parking
et comme à chaque fois la nature nous fait de jolis cadeaux
il ne nous reste plus qu'à faire un petit tour dans le village.